La raffinerie de Lukoil en Bulgarie, la plus grande des Balkans, le 14 novembre 2025 ( AFP / Nikolay DOYCHINOV )
Provoquant la colère du Kremlin, la Bulgarie a annoncé en fin de semaine dernière prendre le contrôle de la raffinerie du groupe russe Lukoil sur son territoire, lui permettant d'échapper pour l'instant aux sanctions américaines qui entrent en vigueur ce vendredi. Mais la suite est un casse-tête.
+ Pourquoi Sofia est intervenu ?
Le 22 octobre, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils allaient imposer des sanctions aux deux géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, afin de limiter le financement de la machine de guerre russe en Ukraine.
Au sein de l'Union européenne, le pays le plus touché par ces mesures est la Bulgarie, où Lukoil détient la raffinerie de Bourgas, baptisée Neftochim, la plus grande des Balkans.
Les sanctions américaines auraient signifié l'arrêt des activités de la raffinerie "en raison du refus de toutes les parties d'effectuer des paiements aux sociétés appartenant à Lukoil", ont souligné les autorités bulgares.
En décidant de prendre le contrôle du site, Sofia a donné satisfaction aux Etats-Unis, permettant que l'activité se poursuive, sans tomber sous le coup de sanctions au moins jusqu'au 29 avril.
+ Pourquoi la Bulgarie joue gros ?
Située près de la mer Noire, la raffinerie de Bourgas revêt une importance économique primordiale pour la Bulgarie. Elle est en effet la plus grande entreprise du pays, le plus pauvre de l'UE, avec un chiffre d'affaires de 4,68 milliards d’euros en 2024.
Principal distributeur, Lukoil domine le marché national des carburants. Il dispose aussi d'un vaste réseau de stations-service.
Sa présence familière aux Bulgares en fait "un maillon clé de l'influence russe", estime Martin Vladimirov, directeur du programme "Énergie et climat" au centre de réflexion CSD à Sofia.
Mais son importance va bien au-delà des frontières bulgares, poursuit-il, soulignant qu'elle agit comme "un acteur clé du marché pour l'ensemble de l'Europe du Sud-Est".
Ainsi, "ce n'est pas un hasard si les prix du carburant en Roumanie augmentent, car la raffinerie en Bulgarie joue un rôle essentiel dans l'approvisionnement du marché roumain", souligne-t-il. La Roumanie étant à son tour "un important centre de distribution pour la région", rappelle-t-il, citant l'Ukraine, la Moldavie, la Hongrie et l'Autriche.
+ Quelle suite ?
La situation semble stabilisée pour les mois prochains et le gouvernement bulgare tente de faire en sorte de ne pas pouvoir être poursuivi en justice pour ses décisions.
Il a aussi donné les coudées franches à l'administrateur qu'il a nommé pour céder des actifs de la raffinerie, avec son accord.
Malgré cela, Lukoil a affirmé mercredi faire les démarches nécessaires pour se séparer de ses filiales dans le pays, menaçant de saisir la justice si Sofia s'en mêle.
La société qui regroupe ses activités à l'international a son siège à Vienne, en Autriche. Et si Lukoil décidait de la vendre, la Bulgarie n'aurait "aucun levier d'action", selon une source gouvernementale bulgare.
Loukoil a jusqu'au 13 décembre pour décider de ce qu'il veut faire de ses activités internationales, y compris la raffinerie bulgare.
Fin octobre, il avait annoncé avoir accepté une offre de la part du négociant suisse en matières premières Gunvor, qualifié de "marionnette du Kremlin" par Washington et immédiatement retirée.

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